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La tribu de tout le monde

Blog

Article de Yogan Le Fouler-Barthel

Point commun entre l’emprise psychologique, les phénomènes violents inter/intra-groupe,…

A votre avis, quel est le point commun entre :

  • L’emprise psychologique
  • La violence (ou le dénigrement) dans tous groupes sociaux (en cas de différences et/ou apparition d’un désaccord, etc.)
  • Les rapports éducatifs conflictuels entre adulte et enfant

?

La réponse que je fais à cette question est que, dans toutes ces situations, une des parties (individus ou groupe) se donne sur l’autre le droit de :

la caractériser ; de définir ce qu’elle est (ou de définir/caractériser ses actions).
T’es… Il/elle est … Ils/elles sont… C’est… C’est un(e)… Ce sont des … T’es un(e)…

(Vous trouverez un survol de multiples autres exemples dans le TEDx)

Parmi les façons d’interagir avec le monde, ce mode de fonctionnement est axé sur la hiérarchisation et la catégorisation des individus (désignation par jugement d’un individu “problématique” vis à vis de la situation) au contraire d’une interaction de type “j’aimerais pouvoir faire ceci, éviter de devoir faire ceci, etc. ” (qui demande une précision et connexion que, par exemple dans le cas de l’emprise, la personne dite “dominant(e) /manipulateur(-trice) ” est souvent peu encline à fournir à l’autre).

Mes travaux, dont le TEDx présente une introduction, placent ce mode d’interaction (et de pensée, par culture d’une habitude) au plus haut rang des sources des phénomènes violents conflictuels.

L’ “atout” de ce mode est qu’il construit des justifications de potentiellement faire mal, discréditer, priver, isoler, faire exclure (etc.) l’autre individu. Et qu’il permet, pour celui qui l’utilise, de s’auto-placer en haut des échelles de valeurs (qui sont en fait des échelles et des critères de son propre choix, mais tacitement établies comme universellement importantes). Ceci peut ainsi contribuer à favoriser son estime de lui-même et valoriser sa position dans le groupe social.
L’inconvénient est que, se basant sur une vision unilatérale et figée dans le temps, il peut :

  • mener à l’exécution d’injustices
  • contribuer à réduire la vision que l’interlocuteur a de lui-même ; de ses possibilités (et de la variété de ses possibilités) face à la situation actuelle et des situation futures
  • venir activer les (ses) zones cérébrales du circuit de la douleur (douleur probablement liée à la peur ancestrale de l’exclusion hors du groupe social. Exclusion/abandon qui – on le sait – affecte les mêmes zones cérébrales que la douleur physique) et contribuer à mener à un stress chronique et/ou des états dépressifs. Ou bien, dans le cas où l’individu s’oppose à cette douleur/stress/injustice, ce peut mener à des actions ou réactions de sa part qui pourraient être perçues ensuite comme de “mauvais” comportements par son environnement social (ce qui entretient un cercle vicieux).
  • permettre à l’auteur des propos d’éviter des remises en question de ses actions à lui, qui permettraient d’aborder des situations futures avec plus de satisfaction réciproque.

L’emprise psychologique, l’étude des prémices des phénomènes violents inter/intra-groupes ou encore l’éducation sont 3 domaines (parmi d’autres) dans lesquels ces concepts trouvent une application.

Dans le cas de l’emprise psychologique, en ancrant l’idée que la personne visée n’a prétendument pas certaines qualités/capacités/vertus/valeurs importantes socialement, la personne dite “dominant(e)” a la possibilité d’accentuer un manque et une dépendance à son égard (ayant lui/elle le monopole de ces qualités, capacités, vertus ou valeurs)

Dans les situations d’éducation, outre les souffrances psychologiques qui peuvent être infligées, l’adulte :

  • ne favorise pas ses chances d’être compris par l’enfant
  • ne favorise pas la compréhension du monde par l’enfant sous un angle actif et factuel (qui est pourtant celui pour lequel l’enfant a une tendance et soif naturelle d’apprendre et d’expérimenter) c’est à dire les angles “causes-conséquences” “manques-solutions” “besoins-demandes” etc.
  • prédispose l’enfant à utiliser prioritairement le mode conflictuel dans sa vie future (caractériser/juger en premier lieu les individus et les choses)

Ce mode d’interaction prend des formes subtiles dans le langage de tous les jours. Et s’exprime ensuite plus ouvertement en cas d’ouverture d’un conflit, dans une situation de tension, d’urgence (métaphore du couple au volant d’une voiture), de manque de ressources, etc.

Une “détoxification” – avant tout de soi-même – de ces habitudes ancrées dans notre enfance est possible à tout âge.

(c) Yogan Le Fouler-Barthel, @ La tribu de tout le monde (SACD 2021)

Question à Véronique Durand

Comment puis-je aider une victime de violences conjugales ?

Question à Véronique Durand :

Comment venir en aide à une personne de son entourage (proche ou moins proche) qu’on pense peut-être victime de violences, ou même avant l’apparition de violences physiques, comment l’aider à réaliser que la relation n’est pas “saine” et pourrait devenir violente ?

C’est une question assez complexe : parce que je ne peux pas dire à une personne ce qu’elle doit faire mais je peux lui dire mon ressenti et proposer mon aide, mon écoute, mon temps. Donc être dans l’empathie et tenter de comprendre puis de lui faire comprendre lorsque la relation est toxique. J’ai coordonné un livre au Brésil pour le Sénat (mais il est en portugais) sur les relations toxiques et la manipulation qui est sorti fin 2020. Il est question d’histoire, de dépendance émotionnelle, d’emprise, de manipulation, de pauvreté (même si l’on sait que la violence conjugale touche toutes les classes sociales, les couches les plus pauvres sont beaucoup plus impactées), de violences raciales aussi. Une personne sous emprise ne reconnait pas que son/sa partenaire est violent. Donc, s’occuper de cette personne, lui proposer des sorties, des loisirs est le mieux que l’on puisse faire pour elle, qu’elle ait un peu de plaisir et qu’elle prenne conscience que ce qu’elle vit au quotidien n’est pas équilibré et l’accompagner, si elle le demande, dans ses demandes et ses démarches, l’héberger, si elle le souhaite. Être là pour elle.

Voir aussi sur notre page Evénements L’atelier “Premiers secours et solidarité en cas de violences : Etre une alliée féministe” (pour une amie, voisine, collègue…) au Centre d’Information et de Documentation des Femmes au Luxembourg

Question à Véronique Durand

Violence et éducation

Question à Véronique Durand :

On dit que bien souvent, les auteurs de violences ont d’abord été victimes de violences, notamment dans leur enfance. Cela signifie qu’il est rare qu’une personne qui n’a jamais subi de violence devienne violente ? Si on va plus loin, est-ce que ça voudrait dire que si à partir de demain, tous les enfants du monde étaient éduqués sans violence (dans un monde idéal), la violence serait quasiment éradiquée ? Ou n’est-elle pas quelque part dans la nature humaine ?

Pour le phénomène de reproduction sociale, quand je travaillais avec des auteurs de violence, j’ai constaté que tous avaient été maltraités dans l’enfance et/ou adolescence. Ça ne veut pas dire que tous les enfants maltraités deviennent maltraitants. Mais c’est parce qu’ils trouvent un équilibre émotionnel et qu’ils sont pris en charge. Le traumatisme est ancré et quand il est profond, même si l’on pense l’avoir bien enfoui au fond de sa mémoire, il peut réapparaitre à n’importe quel moment (une odeur, une musique, une voix) et on perd le contrôle. Je vous conseille les travaux de Murielle Salmona sur le traumatisme. L’éducation est fondamentale. L’enfant copie l’adulte et ce que font ses éducateurs/parents, il considère que c’est juste. C’est son modèle, quel qu’il soit. Le docteur Soulier affirme que l’enfant enregistre les actes les plus fréquemment observés et non pas les plus heureux. Même si il existe une part de violence dans la nature humaine, je pense que l’éducation diminuerait cette violence.

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