Violence et éducation
Question à Véronique Durand :
On dit que bien souvent, les auteurs de violences ont d’abord été victimes de violences, notamment dans leur enfance. Cela signifie qu’il est rare qu’une personne qui n’a jamais subi de violence devienne violente ? Si on va plus loin, est-ce que ça voudrait dire que si à partir de demain, tous les enfants du monde étaient éduqués sans violence (dans un monde idéal), la violence serait quasiment éradiquée ? Ou n’est-elle pas quelque part dans la nature humaine ?
Pour le phénomène de reproduction sociale, quand je travaillais avec des auteurs de violence, j’ai constaté que tous avaient été maltraités dans l’enfance et/ou adolescence. Ça ne veut pas dire que tous les enfants maltraités deviennent maltraitants. Mais c’est parce qu’ils trouvent un équilibre émotionnel et qu’ils sont pris en charge. Le traumatisme est ancré et quand il est profond, même si l’on pense l’avoir bien enfoui au fond de sa mémoire, il peut réapparaitre à n’importe quel moment (une odeur, une musique, une voix) et on perd le contrôle. Je vous conseille les travaux de Murielle Salmona sur le traumatisme. L’éducation est fondamentale. L’enfant copie l’adulte et ce que font ses éducateurs/parents, il considère que c’est juste. C’est son modèle, quel qu’il soit. Le docteur Soulier affirme que l’enfant enregistre les actes les plus fréquemment observés et non pas les plus heureux. Même si il existe une part de violence dans la nature humaine, je pense que l’éducation diminuerait cette violence.